AlterEgo Films : société de production et de distribution

Beaudelot

un film de Camille Fontenier

Francis Maladry dit «Beaudelot» est un peintre du Nord de la France qui ne peint plus à cause de la maladie, un peintre qui dessine toujours de mémoire.
Dans son atelier/pièce à vivre, le film accompagne l’artiste dans son quotidien et interroge son rapport à la création au fil des jours. Et, dans le gai huis-clos de «Beaudelot», la peinture est partout, elle se niche en creux dans une flaque de lumière, une collection improbable de pipes couchées sur la cendre, un crâne féminin juché sous des végétaux, le déplacement du chat, l’appel d’une fleur, la dramaturgie d’un dessin, le mouvement d’une main, le charme d’une visite, un silence, le signal d’un merle, le choix des mots, les expressions du corps et de la voix.

2013 / 72' / DCP / couleur / stéréo
supports d'exploitations : DCP / Beta Num / Blu-ray
VO : FR / ST ENG 

image : Pierre Choqueux
son : Camille Fontenier
montage image : Philippe Boucq
montage son : Christian Cartier
mixage : Cyrille Lauwerier

producteurs délégués Belgique : Sophie Bruneau et Marc-Antoine Roudil
producteur délégué France : François Ladsous

Une coproduction alter ego films, Les Films du Nord et Image Plus et avec l'aide du Centre du cinéma et de l'audiovisuel de la fédération Wallonie Bruxelles, du Centre national de la cinématographie et de l'image animée, du CRAV, COSIP-ANGOA. Ce projet a obtenu la bourse brouillon d'un rêve de la SCAM.

Première projection du film en Belgique le 4 juin 2013 BOZAR - Bruxelles 
27th Pärnu Film Festival - Estonie - 2013
Rencontres cinématographiques de Laignes - France - 2013
Prix du meilleur montage au 34ème festival de l'Acharnière - France 2014
Doc Market - Nyon - Suisse - 2014
11ème Rencontres du film documentaire de Villedieu les Poêles - France - 2014
Dijon-Cinéphiles - France - 9 juillet - 19 août 2014 Cinéma Eldorado 

Différents matériaux travaillent souvent l’écriture d’un film, ce peut-être un son, une voix, une image, une rencontre, un livre, ou simplement une émotion, un sentiment. Pour ma part, différents éléments ont travaillé souterrainement à l’élaboration de ce projet mais je dois dire que ma rencontre avec Francis Beaudelot a été décisive et qu’elle est en partie liée à mon profond attachement pour le Nord de la France, région où j’ai passé la majeure partie de mon enfance et de mon adolescence. Aussi, j’éprouve toujours un vif plaisir à retrouver ces paysages caractéristiques du Nord, ces façades aux briques rouges, ces champs désolés et lumineux, cette poésie sensible de la lumière, cette véritable rudesse, belle, simple, portée à même la terre, la langue, les visages et les corps. Et pour moi, Beaudelot fait partie de ces personnages qu’on garde précieusement en mémoire: ces personnages à l’image d’un territoire. Parce que Francis, c’est avant tout un corps, un visage et une langue travaillés aux terres du Nord, un homme comme le tracé impressif des contours d’un paysage.

Depuis longtemps, l’envie de faire un film avec Francis autour de la peinture, d’interroger son rapport à la création me travaillait. Je connaissais Francis de vue pourrait-on dire, je l’avais souvent observé, écouté, je connaissais ses oeuvres pour les avoir vues souvent exposées au musée, à la faculté de lettres où j’étudiais alors, j’avais une prescience de sa personnalité par les écrits qui en avaient été faits, il ne me restait plus qu’à l’approcher.

Un soir de novembre 2010, je l’ai longuement attendu dans un café proche de chez lui où se tenait un vernissage. J’allais partir puis finalement, Francis est arrivé: longue barbe chenue, pardessus couvert de poussières et de poils de chat, sandales d’été et pieds-nus, pantalon jogging, les yeux rieurs et vifs derrière ses petites lunettes rondes... Je lui ai parlé de mon projet, de mon envie de faire un film avec lui. Le lendemain, j’ai passé la journée chez lui dans son atelier. Assis dans son fauteuil, le gros Rouquin sur les genoux, Francis m’a évoqué son parcours d’artiste, sa passion précoce pour la peinture, ses études aux beaux-arts de Paris, son retour dans les terres du Nord, sa méfiance à l’égard de l’argent, les toiles vendues ça et là pour sortir de la «mouise», la maladie, son envie et sa joie de faire toujours  malgré la vieillesse du corps. Pendant qu’il parlait, je l’observais dans sa manière de se dire et d’être: sa gouaille et son chtimi, sa gesture, l’expression de ses mains, son regard, sa façon de faire silence, d’interpeler le chat, de saisir sa pipe, de me désigner les choses... Autour de lui, un amoncellement d’objets hétéroclites, sur les murs, la patine d’une vie. Je lui ai expliqué mon envie de faire un film qui l’accompagnerait dans le temps, dans le huis-clos de l’atelier au fil des jours, dans le partage de son quotidien, dans son rapport à la création et à la vie. Il m’a simplement dit «d’accord». Je l’ai quitté avec le sentiment qu’il y avait vraiment un film à faire mais dont il me restait encore à trouver le chemin.

Sur plusieurs mois, chaque semaine, j’ai rendu visite à Francis comme on visite un ami, pour prendre de ses nouvelles, voir les derniers dessins,  le regarder dessiner, partager un café, un repas, me contentant souvent d’observer et d’écouter,  me laissant simplement habiter par le lieu et le personnage. Puis, il y a eu la rencontre des autres personnages, amis, artistes, commerçants, notables qui gravitent autour de lui souvent pour voir le dernier dessin, rendre service et plus secrètement se nourrir les sens au monde «Beaudelot». Parce que chez Francis, le rapport à la création s’exprime de toutes parts: dans son travail et ses gestes, sur ses mains   mais aussi sur les murs, dans chaque motif de la pièce, dans son rapport à ceux qui le visitent, dans sa manière si particulière qu’il a d’habiter, d’inventer et de dire le monde.

Au fil de nos rencontres et du temps à s’apprivoiser, il y a eu l’envie de faire  un film un peu à la manière d’un tableau en cinéma: faire l’expérience du quotidien de l’artiste et de son rapport à la création par touches impressives, par motifs qui évolueraient dans le temps.

Faire un film aussi un peu à la manière d’un essai, d’une étude en cinéma, faire un film dans le temps qui serait tout à la fois l’exploration et le résultat. Faire un film qui dessinerait un monde depuis l’intérieur.

Signelazer