La Maison à Ossature Bois (MOB)
Partie IV : La peau extérieure, le ton de la construction
Dans les trois précédents articles, la technologie de la construction bois a été détaillée : parois de murs, planchers, liaisons des éléments, toiture et pour clore la maison, l'intégration des menuiseries.
Dans les différents exemples de composition de parois proposés, nous nous sommes efforcés de varier les techniques d'habillage extérieur : Bardage bois, crépis, éléments maçonnés.
Il reste à donner la touche finale à cette construction : son habillage extérieur.
En dehors de l'architecture générale de la construction, de son orientation et de son intégration dans le milieu naturel, autant d'éléments qui lui donnent son caractère, le choix de la peau extérieure est déterminant pour lui donner le ton qu'elle mérite.
Les choix
La fonction essentielle de l'habillage extérieur est de protéger la structure contre les intempéries et les chocs. Il doit être mis en œuvre de telle sorte que les eaux de ruissellement soient à la fois rejetées vers l'extérieur et canalisées vers le sol.
Le choix des vêtures est immense et peut combiner matériaux, couleurs, sens de pose, courbures, etc.
Dans ce dernier volet consacré à la MOB, nous décrivons les choix les plus courants, ceux qui sont le plus souvent utilisés pour la construction individuelle.
Les lames à bardage
- Bois traité ou non traité, avec ou sans finition, de différents profils
- Bois traité haute température – Bois rétifié ®
- Fibre de bois et résine
- Fibre-ciment.
- PVC
- Métal
Les panneaux dérivés du bois
- Les contreplaqués
- Les panneaux bois-ciment
- Les autres panneaux
Les bardeaux ou tuiles de bois
Les enduits
- Hydrauliques sur ossature métallique (avec ou sans lame d'air)
- Enduits sur isolants (Fibragglo / Polystyrène)
Le doublage maçonné
Les petits éléments de façade (attachés)
- Terre cuite
- Grès cérame
- Pierre naturelle
- Mortier de ciment et fibre de verre
Les lames à bardage
- Références normatives : dimensionnement, prescriptions, conditions de mise en œuvre et règles d'exécution des ouvrages de revêtements extérieurs en bois et matériaux dérivés du bois sont décrit dans le DTU 41-2 (NF P 65-210-1) Travaux de bâtiment – Revêtements extérieurs en bois.
- Généralités : les lames à bardage sont des éléments de largeurs variant de 90 à 150 mm et de longueurs de 2 à 6 mètres. Quelles soient en bois, matériaux dérivés du bois, fibres de bois, bois résine ou bois ciment, elles imposent une mise en œuvre sur une ossature secondaire, fixée à travers le contreventement (s'il est placé côté extérieur) et le matériau pare-pluie, dans l'ossature verticale sous-jacente. La section minimum des tasseaux formant l'ossature secondaire est de : 22 x 35 mm lorsqu'ils sont espacés de 300 à 400 mm et 27 x 35 mm lorsqu'ils sont espacés de 400 à 650 mm.
Ils sont disposés selon l'orientation des lames, (horizontale, verticale ou oblique) de telle sorte qu'ils assurent la continuité de la ventilation entre le bardage et la structure.
La pose sur double liteaunage augmente l'épaisseur de la lame d'air, et permet donc une meilleure ventilation du bardage, dont la durabilité se trouve accrue. Elle est particulièrement destinée à la pose verticale et aux façades très exposées aux intempéries. Pour les poses obliques et verticales, il convient de tenir compte des vents dominants : la languette des lames doit être dirigée face au vent.
Les lames à bardage et les bardeaux sont généralement de la classe de risque d'attaque biologique 3. La définition de cette classe correspond à la situation dans laquelle le bois n'est ni abrité, ni en contact avec le sol, soit continuellement exposé aux intempéries, soit à l'abri des intempéries, mais soumis à des humidifications fréquentes.
Essences naturellement durables en classe de risque 3 sans traitement : Douglas, Mélèze, Western Red Cedar, Châtaignier, Chêne, Azobé, Sipo.
Deux essences sont naturellement durables à très durables en classe de risque 4 sans traitement : l'Iroko et le Teck.
L'épaisseur minimale des lames est fixée à 15 mm quand les lames sont posées sur des supports espacés au maximum de 400 mm, sauf pour les lames de section trapézoïdale en Western Red Cedar et Mélèze, pour lesquelles l'épaisseur peut être de 13 mm. Pour les entraxes de supports compris entre 400 et 650 mm, l'épaisseur minimale est de 18 mm.
La largeur exposée aux intempéries des lames ne doit pas excéder 7,5 fois leur épaisseur(maximum 10 fois pour le Western Red Cedar). La largeur du recouvrement ou de l'emboîtement doit être supérieure au dixième de la largeur totale de la lame.
La fixation des lames s'effectue à l'aide de pointes crantées, de vis ou agrafes divergentes en qualité inox ou similaire. Une seule fixation est nécessaire pour les lames de largeur exposée inférieure à 125 mm et pour les lames à emboîtement,cette fixation peut être disposée soit de façon invisible, dans le chanfrein, soit de façon visible, mais de telle sorte qu'elle soit placée à 15 mm au moins de l'assemblage. Deux fixations sont nécessaires pour les lames de largeur exposée supérieure à 125 mm.
La répartition se fait au tiers de la largeur, mais en préservant toujours une marge de 15 mm par rapport à l'assemblage, qu'il soit à mi-bois ou à rainure et languette.
Les finitions en parties hautes et parties basses sont détaillées dans les croquis figurant dans les numéros précédants.
Les raccordements d'angles ne présentent pas de difficultés particulières. Par ailleurs, le plus souvent, les fabricants de lames à bardage commercialisent des profils spécialement étudiés et de la couleur des lames.
Le schéma ci-contre détaille les raccords courant, angles rentrant et sortant et raccordement avec une menuiserie.
Lames en bois massif traité haute température (Bois Rétifié ®)
Le bois est préalablement séché à une température moyenne de 170°. Il est ensuite traité dans un four, à une température pouvant atteindre 240°. A ce stade, la structure moléculaire du bois subit des modifications irréversibles et définitives. L'eau est totalement évacuée des fibres, la densité est augmentée. Après traitement, les bois sont refroidis par arrosage. Ils reviennent progressivement à température ambiante, à laquelle ils gardent les propriétés de stabilité et de durabilité acquises à haute température. La qualité du bois rétifié est dépendante de celle du bois d'origine.
Les essences courantes sont le Sapin, le Pin sylvestre, l'Epicéa, le Hêtre et le peuplier.
Le procédé permet de rendre durable, sans traitement, des essences qui ne le sont pas habituellement(gain 1 à 2 classes de risque).
Il convient de respecter les prescriptions du fabricant pour les fixations, pour ne pas risquer les fentes de lames.
Lames en fibres de bois-résine
Ces produits sont fabriqués suivant les mêmes techniques que les panneaux dérivés du bois(panneaux de particules ou panneaux de fibres). Leur masse volumique est supérieure à 800 kg/m3.
Les lames sont revêtues d'une peinture acrylique multicouche. Certaines présentent un état de surface en relief, rappelant l'aspect du bois.
Les spécifications et règles de mise en œuvre de ces produits sont soumis à la procédure d'avis technique.
Lames en fibres-ciment
Les principaux composants sont le ciment et la silice avec de la fibre de cellulose, de lin ou de chanvre comme liant. La cohésion du produit est donnée par pressage.
La masse volumique est élevée, de l'ordre de 1200 à 1350 kg/m3.
Résistant au feu, insensibles aux insectes et champignons, les lames en fibres-ciment présentent une excellente durabilité. Les fabricants proposent généralement une gamme d'accessoires de pose et de fixation, adaptés.
Les spécifications et règles de mise en œuvre de ces produits sont soumis à la procédure d'avis technique.
Lames PVC
Moulées ou extrudées, les lames présentent une faible épaisseur, leur permettant d'être plus légères que les lames bois. Formes, dimensions, aspect, couleurs et états de surface sont nombreux. La pose et l'entretien sont faciles.
Les spécifications et règles de mise en œuvre de ces produits sont soumis à la procédure d'avis technique. Toutefois, ils sont mis en œuvre sur ossature secondaire, avec lame d'air, comme les bardages bois.
Certains fabricants proposent des systèmes complets de revêtement de façade, incluant tous les accessoires nécessaires à la pose. Les aspects sont variés et peuvent imiter à s'y méprendre, le bois, la brique ou le crépis. Le matériau peut être une mousse de PVC expansé recouvert d’un granulat de roche naturelle comme le Quartz, le Marbre ou le Granit. Un ABS recouvert d’un film donne l'aspect bois, tandis qu'une fibre de verre et résine polyester présentera l'aspect d'un doublage de brique.
Les spécifications et règles de mise en œuvre de ces produits sont soumis à la procédure d'avis technique.
Les panneaux dérivés du bois
Les vêtures extérieures en panneaux dérivés du bois sont fixées sur une ossature secondaire, dans les mêmes conditions que les lames à bardage bois. Le plus souvent, ce sont les fabricants qui prescrivent le type et la qualité des organes de fixation de leurs panneaux.
En exposition directe aux intempéries (classe de service III), seuls les contreplaqués répondant à la norme NF EN 636-3 ou bénéficiant de la marque de qualité CTBX NF extérieur et les panneaux de particules liées au ciment répondant à la norme NF EN 634-2, peuvent être utilisés.
- Définition du milieu extérieur : milieu correspondant à la classe de service 3 de l'ENV 1995-1-1 qui se caractérise par des conditions climatiques entraînant des teneurs en humidité supérieure à celles de la classe de service 2.
Les panneaux utilisés en bardage extérieur doivent être protégés par une finition ou par un revêtement assurant leur protection aux intempéries.
Ils ne doivent pas être pris en compte dans le contreventement du bâtiment.
Les revêtements, peintures, lasures, vernis, passés sur les panneaux, ne modifient pas leur classement d'origine.
L'épaisseur de référence des panneaux présentant des usinages de surface, rainures, mouchettes, est celle qui est prise en fond d'usinage.
Les panneaux sont posés en ménageant un jeu (8 – 10 mm) permettant la dilatation. Ce jeu peut être laissé tel quel (joint creux), garni par un fond de joint préformé, complété par un mastic-joint à la pompe ou protégé par un couvre-joint. Dans le cas de joint creux, les chants de panneaux auront été préalablement traités en atelier pour éviter les reprises d'humidité et le lattage doit être protégé sur toute sa largeur par une bande de film pare-pluie.
Les contreplaqués
Ils doivent être composés de 5 plis au minimum et avoir une épaisseur d'au moins 10 mm.
Ils peuvent être bruts, poncés ou non, avec ou sans usinage ou revêtus. Lorsqu'ils présentent un usinage de surface, les contreplaqués ne peuvent se prévaloir de la marque NF extérieur CTBX que si le certificat s'applique bien au panneau usiné.
En outre, ils doivent obligatoirement recevoir une finition de surface et sur chants (lasure, peinture micro-poreuse ou revêtement plastique épais –RPE).
Naturelle, la palette des teintes et essences est large et permet de multiples effets graphiques.
Les panneaux de particules de bois liées au ciment
Qu'ils soient en panneaux entiers ou en lames destinées à être posées en clin, l'épaisseur minimum est fixée à 10 mm. Toutefois, les panneaux actuellement présents sur le marché ne sont pas utilisés en revêtement extérieur, mais comme panneaux de façade et en contreventement (bénéficiant d'un avis technique favorable dans cette utilisation), nécessitant la protection par une vêture sur lattage.
Les autres panneaux
- Les panneaux de fibres composites sont fabriqués à partir de fibres de bois et de matières fibreuses proches du bois, liées par des colles Phénol – Formol, polymérisées sous l'action conjuguée de la forte pression et de la haute température (presse) et revêtues par des résines le plus souvent acryliques – Polyuréthanne. Ces matériaux assez denses présentent un poids de l'ordre de 15 à 18 kg/m². Ils sont commercialisés dans des épaisseurs courantes de 10 à 13 mm, prêts à poser, dans une palette de couleurs assez vaste.
- Les panneaux stratifiés sont fabriqués par empilage et pressage de feuilles de papier kraft et de placage imprégné de résine mélamine thermodurcissable. Par leur composition, ces panneaux offrent un très bonne durabilité. Leur densité est assez élevée, mais les épaisseurs courantes comprises entre 6 et 15 mm permettent des poids au m² de 8 à 20 kg. La finition de surface peut être lisse ou présenter le veinage du bois, la palette de couleur est large, des teintes unies aux tons bois de diverses essences.
Cas particulier des panneaux utilisés comme revêtement extérieur abrité
Dans le cas ou le revêtement n'est jamais exposé aux intempéries(préau par exemple), peuvent être employés des panneaux de classe de servie II, milieu humide : Panneaux de particule conformes à la norme NF EN 312 P5 ou bénéficiant de la marque de qualité CTBH ainsi que les OSB 3 ou 4 conformes à la norme NF EN 300.
Les bardeaux ou tuiles de bois
Ce sont de petits éléments de couverture ou de bardage, de forme rectangulaire, obtenus par fendage de bois. Les dimensions courantes sont : longueur 300 à 600 mm environ, largeur de 100 à 200 mm et épaisseur est variable sur la longueur de la tuile, 3 à 4 mm à une extrémité et 12 à 21 mm à l'autre extrémité.
Les essences utilisées sont naturellement durables : Mélèze, Douglas et Châtaignier en classe III, Acacia et Cèdre de l'Atlas en classe IV.
Les bardeaux sont généralement fixés par deux pointes (trois si la largeur est supérieure à 200 mm) au moins 40 mm au-dessus de la ligne de pureau, en laissant un jeu suffisant entre eux (6 à 9 mm) pour permettre la dilatation.
Les joints doivent être décalés de 40 mm au moins d'une rangée à l'autre et ne pas présenter d'alignement sur trois rangées consécutives.
Les essences de bois utilisées pour les bardeaux ne nécessitent pas de finition de surface. Toutefois cette option est possible dans les même conditions que les lames à bardage.
Les enduits
- Les enduits à base de liants hydrauliques sont composés de deux ou trois couches projetées sur une armature métallique, fixée dans les montants d'ossature, à travers les panneaux de parement extérieur ou de contreventement. Le support métallique est composé d'un treillis soudé ou d'un métal déployé. Un premier gobetis sert de couche d'accrochage. La seconde couche assure la fonction d'étanchéité et la planéité de l'enduit. La couche de finition, essentiellement décorative, imperméabilise l'ensemble. Projeté mécaniquement, l'enduit peut être réalisé en deux couches.
Les enduits hydrauliques appliqués sans lame d'air nécessitent obligatoirement la présence d'un pare-pluie. La perméance doit permettre un bon échange hygrométrique de la paroi.
Lorsque les enduits sont appliqués avec une lame d'air, celle-ci doit être en tout point au moins égale à 10 mm. Si la paroi de mur est réalisée à cavité fermée, la présence d'un pare-pluie n'est certes pas obligatoirement requise, mais conseillée.
Les enduits hydrauliques peuvent être également appliqués sur des panneaux Fibragglo, composés de longues fibres de bois (laine de bois) enduites de ciment. Ces panneaux de dimensions réduites (le plus souvent 2000 x 600 mm) ne peuvent être utilisés en contreventement. Leur mise en œuvre nécessite l'interposition d'un pare-pluie sur les panneaux de parement extérieur ou de contreventement. En outre, ils doivent être fixés aux montants d'ossature, de manière continue, horizontalement et de telle sorte que leurs petites rives soient situées et fixées sur les montants. Cette disposition implique que la longueur des panneaux soit un multiple de l'entraxe des montants ou soit recoupée.
- Les enduits organiques ou minéraux sur isolants :
L'isolant peut être un PSE (Polystyrène expansé spécial) ou un panneau de fibres de bois. Il est collé ou fixé mécaniquement, directement sur le panneau parement extérieur ou de contreventement.
Un enduit armé d'un treillis en fibre de verre est appliqué sur le support isolant. L'enduit de finition est assuré par un revêtement minéral à base de résine silicatée ou un revêtement plastique épais à base de copolymère acrylique.
Le doublage maçonné
Tout ou partie d'une maison à ossature bois peut être revêtu de murs de doublage maçonnés en briques de parement, pierre ou pierre reconstituée, béton parementé.
Le doublage en maçonnerie, d'une épaisseur minimum de 100 mm, est autoporteur et prend appui sur la dalle béton, de la même manière que la paroi. Il doit donc être posé sur un relevé d'étanchéité, fixé sur les lisses basse et d'assise de la paroi. Le pare-pluie vient recouvrir le relevé d'étanchéité. Il convient donc de prévoir des chantepleures à intervalles réguliers, pour permettre l'écoulement des eaux de ruissellement.
La lame d'air ménagée entre le doublage et la paroi doit être en tout point au moins égale à 10 mm, ce qui conduit en pratique à laisser un espace de l'ordre de 25 mm.
Le doublage maçonné doit être relié à la paroi par des pattes à scellement fixées sur l'ossature à travers le pare-pluie et le contreventement. Elles sont placées tous les cinq rangs s'il s'agit de petits éléments (briques par exemple), au moins deux au m² si la hauteur ne dépasse pas trois mètres et 5 par m² dans les cas contraires, quelle que soit la nature des matériaux. Les pattes à scellement sont pliées de telle sorte que d'éventuels ruissellements de condensation s'écoulent côté maçonnerie.
Les petits éléments de façade attachés
Comme tous les revêtements extérieurs, ces petits éléments de façade sont posés sur ossature secondaire avec lame d'air. Il peut s'agir de terre cuite (tuiles) d'ardoise, de grès, de pierre naturelle ou de plaques à base de mortier et de fibre de verre. Le poids de ces éléments, généralement important, nécessite de prendre des précautions particulières : pose limitée aux bâtiments à deux niveaux au maximum, les sections de bois d'ossature secondaire sont déterminées en fonction du parement, l'entraxe des supports doit être inférieur ou égal à 400 mm, la présence d'un pare-pluie est obligatoire et la lame d'air doit être en tout point au moins égale à 10 mm.