Jeroen Janssen, bio

Né en Belgique, 1963, déjà à l’école maternelle il fut clair que je n’étais pas fait pour autre chose que le dessin. J’ai fait l’académie Saint Luc à Gand.
Les premiers BD je les ai faits dans les années 1990 au Rwanda, alors enseignant aux Beaux-Arts de Nyundo. Mon premier album, Muzungu, Sluipend gif (1997), je l’ai rédigé avant et après le génocide rwandais. Cet album, publié en néerlandais, dont le titre bilingue signifie littéralement "Homme blanc, poison insidieux" a été primé au festival d' Haarlem en 1998.
Je ne vis pas uniquement de la BD. Pour faire bouillir la marmite j’étais successivement: aide dans la psychiatrie, chauffeur, jardinier, assistant de pub dans une entreprise d’aliments pour bétail, facteur, prof de dessin, formateur de peintres/tapissiers handicapés, et pour le moment assistant bibliothécaire. Et bédéiste subventionné par le Fonds Flamand des Lettres.
En vertu de cette dernière fonction j’ai publié plusieurs albums en Flandres et aux Pays Bas, et des histoires, dans des magazines comme Zone 5300, Chimurenga, Stripburger et Kerosene.
Mon dernier album, sur scénario de l’auteur hollandais Pieter van Oudheusden, fût un grand fable rwandais, « La revanche de Bakamé » (éd. La Boîte à Bulles, 2010).
Maintenant on travaille ensemble sur une BD inspirée par la vie et l’œuvre de Franz Schubert.

PORTFOLIO

Adresse:
Berg 26, 9950 Waarschoot, tel ++32 9 324 93 59 gsm ++32 486 275 233
mail jeroen.janssen@pandora.be


 
La revanche de Bakamé

Pour avoir prêté sa voiture au malicieux lièvre Bakamé, la hyène Mpyisi se voit poursuivie par une bande de parieurs qui crient vengeance! Ces parieurs avaient misé sur l'équipe nationale pour la prochaine coupe des nations. Mais toute l'équipe a péri dans un terrible accident d'avion, en raison d'un moteur défectueux: le moteur même de la voiture de Mpyisi, revendu par cet énergumène de Bakamé... Pour se venger de ce maudit lièvre, Mpyisi décide de se payer les services d'un puissant sorcier... Mais il semblerait que dans ces basses latitudes, il y ait un bon Dieu pour les mangeurs de carotte... Une fable haute en couleurs!


  • Pages : 320, broché à rabats
  • Prix : 26 €
  • EAN : 9782849530962
  • ISBN : 978-2-84953-096-2

Easy Rider, par Olivier Raviero
Une très belle BD pour terminer, aux couleurs absolument chatoyantes, très africaines. De l'humour noir, du sexe à l'africaine, c'est super rigolo.
Le blog de la Mirabelle
Jeroen Janssen s’en donne à coeur de joie de dépeindre une Afrique sexuellement débridée et attachée à ses traditions, ses sorciers et son honneur. Tout ça est raconté de manière enjouée et loufoque. (...) Le style de cette bande dessinée s’inspire de la peinture populaire et s’il n’y avait pas cette forte tonalité érotique, elle rappellerait les illustrations de contes pour enfants. Disons que les enfants sont grands et se voient confrontés à leurs fantasmes sur le continent noir.(...) Franchement, je vous conseille cet album. C’est très différent de ce que j’ai lu jusqu’ici.
PlaneteBD.com, par Jean-Bernard Vanier
On respire l’Afrique à pleines narines, on la goûte par tous les pores du bas du nombril à l’extrémité des cheveux, on se laisse agréablement envouter. Au-delà, la vision de la société africaine proposée est peut-être caricaturale, mais distillée par d’incontestables amoureux de ce continent : exotisme, superstitions, sorcellerie, science du bagout ou de la désorganisation, népotisme… servent le second degré du propos et livrent quelques vérités avec amusement. Une belle découverte, à gouter sans complexe lorsque les habituels blockbusters calibrés vous auront donné la nausée.
Stripspeciaalzaak, par Wouter Porteman
La revanche de Bakamé est une BD que vous pouvez vous procurer les yeux fermés.
Un lièvre rusé, une hyène fainéante et leurs femmes vachement bien faites. Et alors ? Des dessins encrés de façon anarchique par une sorte d’Edmond Baudoin africain dans des petits cadres tout sauf droits. Et alors ? Oubliez un peu toute sage logique et adonnez vous pour une seule fois à la vraie Afrique.
Dessinateur, et ancien coopérant, Jeroen Janssen a attrapé au Rwanda le virus des fables noires. Le Renard de chez nous se transforme en lièvre rusé. Un lièvre bien plus malicieux que notre renard du moyen âge, mais qui, en s’abandonnant à l'érotisme et la plaisanterie macabre, ne craint pas d’essuyer une bonne vieille morale ! En portant un préservatif, par exemple...
Outre le ton, le dessin de Janssen vient aussi jouer les trouble-fête avec des couleurs chaudes et un drôle de tumulte dans l'arrière-fond qui vient donner un relief tout particulier au noir qui seul, pourrait sembler tellement chaotique…
Rajoutez à cela les textes remarquablement précis de Pieter van Oudheusden et vous plongerez au bout de quelques pages dans le petit monde magique de Janssen. 320 pages plus tard on referme comblés cette édition magnifique. Autant de beauté, autant d'humour noir comme jamais, autant d'Afrique dans une BD, du jamais vu !
La revanche de Bakamé est le diamant brut de votre bibliothèque de BD.

 
Au bout de la Flandre

Si vous voulez découvrir une histoire totalement différente, le 13 octobre sort le n° 16 de la revue XXI. La revue est distribuée par les librairies et les surfaces culturelles (Relay, Virgin, Fnac, Cultura...), en France comme à l’étranger. Mais pourquoi acheter la revue ? Tous les trimestres, des talents vous entraînent à leurs côtés pour comprendre le monde d’aujourd’hui. Des semaines de travail sur le terrain… Une étonnante récolte d’images et de rencontres par des romanciers, des journalistes, des photoreporters, et des dessinateurs de BD. Et aussi : cette fois-ci il y aura une BD de 30 pages fait par moi-même, histoire d’un pays exotique (du point de vue des Français au moins) : la Flandre. Et plus précisément : le village de Doel. Pour la préparation de cet histoire, je me trouvais quasiment plus de temps à Doel que chez moi, si ce ne fut pas en personne, en tout cas dans ma tête. Je m’excuse auprès de tous mes amis que j’ai négligés les dernières mois, j’espère que l’histoire peut récompenser.



La Flandre a son village d’Astérix. Retranchés dans les ruelles de Doel, ils sont une poignée à résister. Pas à Rome ni à César, mais aux légions de bulldozers. Le port d’Anvers, le deuxième d’Europe, a besoin de s’agrandir. Les autorités flamandes ont décidé voici plus de dix ans de sacrifier le village. Mais Doel veut vivre… La revue 21

La même histoire a été publié chez les Editions Les Arénes. Un grand album (650 pages) avec des récits graphiques par Stassen, Sacco, Ferrandez, et beaucoup d'autres.



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Interview avec Jeroen Janssen

Fait par Vincent Henry, éditeur de La Boite à Bulles

En 2009, les festivaliers d’Angoulême avaient découvert la BD flamande au travers d’une grande exposition consacrée à ses talents les plus prometteurs et radicaux. Parmi eux, Jeroen Janssen qui publie ce mois-ci son premier ouvrage traduit en français : La Revanche de Bakamé (éditions La Boîte à Bulles)
Bonjour Jeroen, tu es encore un parfait inconnu en France, peux-tu te présenter en quelques mots ? Te sens-tu appartenir à une nouvelle "école flamande" de la bande dessinée ?

En Flandre, on parle depuis quelques années d'une nouvelle génération d’auteurs flamands qui abandonne les chemins familiers de la BD commerciale (en Flandre, la BD est essentiellement destinée aux enfants, à l’image de Bob et Bobette), qui expérimente de nouveaux styles de dessin et de narration, qui s'adresse plutôt à un public adulte. Cette génération a été mise en avant par le Fond Flamand des Lettres à Angoulême en 2009 par le biais de l’exposition "Ceci n'est pas la BD flamande". Une génération qui a pour point commun principal "que nous n'avons rien en commun" ! Pourtant, comme nous avons tous grandi en lisant ces mêmes séries de BD jeunesse, il reste certainement dans notre travail des éléments communs, typiques de Flandre – notamment dans l'humour ou dans la narration – dont nous n’avons pas conscience nous-mêmes parce que nous sommes immergés dans ce monde.

La Revanche de Bakamé est ton premier ouvrage publié en français. Qu'avais-tu publié auparavant en langue flamande ? Pourquoi est-ce le premier titre traduit ?
En Flandre, j'ai déjà publié pas mal de livres. Le premier fut un récit semi-autobiographique sur le Rwanda avant le génocide (Muzungu) qui a eu le grand prix du festival de Haarlem 1998. Puis j'ai commencé à travailler avec Pieter Van Oudheusden, un scénariste hollandais que j'ai rencontré à Haarlem : on a d’abord fait quelques BD plutôt poétiques puis je lui ai proposé de réaliser des fables Africaines autour du personnage de Bakamé. Il y a donc déjà eu une histoire de Bakamé de publiée avant celle-ci. Comme je n'ai pas un style très commercial, j'ai toujours travaillé avec des petits éditeurs qui n'ont pas les mêmes moyens que les grands pour présenter leurs livres dans d’autres pays. J'ai du faire pas mal de chose par moi-même, bien que je préfère toujours rester dans mon atelier et dessiner. C'est le grand appui du Fond Flamand des Lettres en 2009 qui m'a finalement encouragé de visiter et écrire des éditeurs internationaux qui seraient à Angoulême et qui publient des choses que j'aime lire moi-même. Et avec l'expo, bien sûr, on avait une bonne carte de visite.

Tu sembles très attaché à l'Afrique, quel est ton lien avec elle ? Y as-tu vécu ?
J'ai vécu et travaillé au Rwanda de 1990 à 1994 où j'étais professeur dans l'Ecole d'Arts de Nyundo. Quand tu as vécu en Afrique, cela ne te marque pour la vie. Soit il te reste une sorte de dégout, soit tu deviens amoureux du continent. Pour moi, malgré les horribles évènements qui nous ont forcés à quitter le pays, c'est le second cas. J'y pense toujours avec nostalgie, même si, pour des raisons pratiques, je n'ai eu l’occasion d’y retourner qu’une seule fois, en 2007.

La Revanche de Bakamé compte pas mal de sous-parties au sein de l'histoire principale. C'était pour vous l'occasion de faire référence à des mythes africains ou vous aviez juste de construire un récit foisonnant ?
Quand je fais une histoire avec Pieter, c'est toujours une aventure, comme le voyage de Mpyisi d'ailleurs : on sait où on commence mais jamais où ça va finir. On a pris comme point de départ une histoire traditionnelle, notée par un Père Blanc au Congo en 1900, qui tient sur une simple page A4. Mais on a transposé l'histoire à la fin XXe siècle, ce qui me donnait l'occasion d'y intégrer beaucoup d'anecdotes que j'ai vécues au Rwanda. Comme Pieter, qui habite Rotterdam, grand port international, connait pas mal d'Africains et qu’il dévore une foule de livres, on n’était jamais à cours d'inspiration. Ainsi, l'histoire qui devait faire 48 pages, en a finalement compté 320 !

Tu illustres souvent des proverbes africains, par exemple sur des cartes postales. Sont-ils véridiques ou inventés ?
Les proverbes sont véridiques, on a déjà essayé d'en inventer nous-mêmes mais ce n'est rien auprès des véritables. J'en possède une grande bible constituée par les professeurs Crépeau et Bizimana pour le musée de Tervuren. "Un lièvre vieilli tête ses petits" ou "L'hyène mange autre chose, elle ne mange pas ses testicules", cela ne s'invente pas ! En langue Rwandaise "Umugani" signifie proverbe mais aussi histoire. Souvent ce sont des petites histoires en une phrase pleines de sagesse. Comme la culture est plutôt orale dans ces pays, beaucoup de gens connaissent et emploient encore ces proverbes.

Le propos de ta BD te semble très proche, pourtant tu travailles avec un scénariste, Pieter Van Oudheusden. Quel est ton rapport au scénario ? Comment travaillez-vous ensemble ?
Pour construire le récit, chacun place son mot à tour de rôle, en échangeant par e-mail – vu qu'on habite à 150 km l’un de l’autre) Mais lui, c’est un virtuose de la langue et de l'écriture alors que moi, je suis plutôt doué pour le dessin.

Tu mélanges humains et animaux. Ce mélange est inspiré des fables européennes ? Ce type de mélange existe dans les fables et légendes africaines ? Comment choisir-tu les personnages que tu rends animaux ?
En Afrique, aussi, on trouve parfois dans une même fable des humains et des animaux côte à côte. En général j'ai utilisé des animaux chaque fois que les histoires traditionnelles africaines parlent d’animaux. Pour les autres personnages j'ai choisi au cas par cas. Comme j'aime bien dessiner les femmes, les femmes sont souvent des humains. Mais peut-être aussi et surtout parce que les femmes sont les seuls êtres raisonnables du récit.

Tes œuvres sont-elles lues en Afrique ? Si oui, avec quelle réaction ? Tu n'as pas peur de vexer ou blesser les gens par l'image haute en couleurs donnée de ces pays ?
Jusqu'à présent mes histoires n’étaient pas lues en Afrique parce que très peu d'africains comprennent le néerlandais. Récemment, j'ai réalisé un petit livre pour enfants (Teta est-elle têtue ?) avec Hilde Baele, une amie qui vit en Afrique. Il parait qu’il a été bien reçu au Rwanda et au Bénin et qu'il y aura d'autres éditions en d'autres langues. Mais bien sûr, c'est sage comparé à Bakamé ! Donc, c'est encore une mystère pour moi aussi, comment les gens d'Afrique vont réagir. En tout cas, je n'ai jamais eu l'intention de vexer qui que ce soit, les bêtises commises par les personnages pourraient été commis aussi bien (même mieux peut-être) par des Européens ! D'ailleurs, les seuls personnages raisonnables de Bakamé sont des femmes africaines et le vrai méchant, c'est un blanc. Si certains Africains sont choqués, je suis sûr que ce seront essentiellement des gens qui ont bénéficié d’une bonne éducation catholique de la part de nos bonnes sœurs et frères missionnaires Européens et qui seront choqués par certaines scènes…

Quels sont tes projets ?
Je viens de commencer un nouveau livre avec Pieter, dans un registre radicalement différent. L'histoire se passera en Autriche les années 1800.
 
 

Autres albums

De Grote Toveraar (2007)

  • De Grote Toveraar 1: De Kruisweg van Mpyisi
  • Le grand sorcier 1: Le calvaire de Mpyisi
  • par Jeroen Janssen (dessins) & Pieter van Oudheusden (scénario)
  • Oogachtend

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Presse: sur 'De kruisweg van Mpyisi'
“Il s’ agit dans ce livre de ce voyage vers le nord. Mais ne vous imaginez pas un roadmovie avec une grosse bagnole plein gaz sur des routes désertes dans un paysage vide. ‘Le calvaire de Mpyisi est une BD bondé et très animé, dans laquelle fourmillent les personages excités, les radios hurlants et la nature capricieuse. L’érotique dégouttte de l’histoire comme la sauce d’un menton graisseux. Et Janssen ne dessine pas des cadres rangés, mais fait se blotter sensuellement les tableaux l’ un contre l’autre et chevauche l’ensemble avec des bulles bruyantes. Une histoire énergique.” Joost Pollmann in ‘De Volkskrant’

“Jeroen Janssen est un des dessinateurs Flamands le plus sous-estimé de ce moment. Avec scénariste Pieter van Oudheusden, il forme un duo complémentaire parfait. Leurs récits du lièvre rusé Bakamé, quasiment la variante Africaine sur notre ‘Roman de Renard’ sont à se régaler – aussi graphiquement.. Marrant, plein de doubles fonds et non sans engagement.” Michel Kempeneers in ‘De Standaard’