AlterEgo Films : société de production et de distribution

Arbres

un film de Sophie Bruneau et Marc-Antoine Roudil

Arbres est une histoire de l’Arbre et des arbres. Il commence par les Origines puis voyage à travers le monde des arbres et les arbres du monde. Le film raconte les grandes différences et les petites similitudes entre l’Arbre et l’Homme avec l’idée prégnante que l’arbre est au règne végétal ce que l’homme est au règne animal. Arbres est un parcours dans une autre échelle de l’espace et du temps où l’on rencontre des arbres qui communiquent, des arbres qui marchent, des arbres timides ou des arbres fous... Arbres renverse quelques idées reçues en partant du constat que l’on voit toujours l’animal qui court sur la branche mais jamais l’arbre sur lequel il se déplace.

2001 / 50' / 35mm 1,66 couleur / Dolby SR
visa d'exploitation 106 233
VO : FR / VO : ENG 

image : Antoine-Marie Meert
commentaire : Sophie Bruneau
conseiller scientifique : Francis Hallé
récitant version fançaise : Michel Bouquet
récitante version anglaise : Marianne Faithfull
récitant version allemande : Otto Sander
son : Marc-Antoine Roudil, Benoît Bruwier
directrice de production : Sandrine Valageas
montage image : Philippe Boucq
montage son : Etienne Curchod
mixage : Philippe Baudhuin
machiniste : Olivier Marrel

producteurs délégués Belgique : Anne Deligne et Daniel De Valck
producteurs délégués France : Delphine Morel et Jacques Debs

Production : ADR Productions (Paris), Arte France, Cobra Films (Bruxelles), Ciné Manufacture (Lausanne) en coproduction avec Docstar, TSR-Télévision Suisse Romande, Carré Noir-RTBF, IRD-Institut de recherche pour le développement, Wallonie Image Production avec le soutien de la Commission européenne, Centre du Cinéma et de l'Audiovisuel de la Communauté française de Belgique et des télédistributeurs wallons, Centre National de la Cinématographie, Ministère de l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement, Procirep.

Première projection du film à Bruxelles : 13 novembre 2001 au cinéma Arenberg-Galeries 
Première projection du film à Paris : 26 mars 2002 à la Maison Européenne de la Photographie 
Première diffusion télévisée Belgique : RTBF le 16 novembre 2001 à 21h40
Première diffusion télévisée France / Allemagne : ARTE  le 4 avril 2002 à 23h05

Distribution Belgique : alter ego films
Distribution France lors de la sortie: ADR Productions
Distribution France depuis 2022: Doriane Films (Cécile Farkas)
DVD : Editions Montparnasse
Ventes internationales : ARTE

Primé aux festivals suivants :

  • Grand Prix du festival de l’Environnement 2003 à Paris
  • URTI 2002 Grand Prix du Documentaire Médaille de Bronze
  • Grand Prix Ecocinéma du meilleur film de court métrage Rhodes 2003
  • Grand Prix Cinéfeuille du meilleur film Gaillac 2007


Sélectionné aux festivals suivants :

  • 13e festival international du film documentaire de Marseille 2002
  • 17e festival du film nature et environnement Grenoble 2002
  • Festival international du film de Banff 2003
  • 26th Göteborg film festival 2003
  • Festival international du film de Rotterdam 2003
  • 38e solothurn film festival Soleure 2003
  • 21e festival du film d’environnement Paris 2003
  • 2nd Chicago international documentary festival 2004
  • Festival Cinéfeuille 2007
  • et Beyrouth, Durban, Seoul, Cape Town, Shangaï ...

Le travellling sur rails ou plus rarement en ballon, le panoramique, utilisé ici a minima et parfois le steadycam sont les moyens classiques employés par Marc-Antoine Roudil et Sophie Bruneau pour approcher leur motif. Il s'agit de tromper la fixité de l'arbre pour entrer en lui, de dépasser la vigilance ou au contraire l'indifférence que son port impose, reléguant notre regard dans le lointain. Car nous ne voyons les arbres qu'à distance ; quand nous nous faisons proches d'eux, c'est que nous ne les voyons plus, quand nous devenons leur familier, c'est que nous les ignorons, nous livrant sous leur ombrage à tout ce qu'un homme peut faire quand il est au grand air ; pique-niquer ou faire la sieste, lire un livre ou jouer de la flûte, et beaucoup d'autres activités encore ou le faire n'est pas très sérieux (faire l'amour, de la balançoire, faire ses besoins, etc.). Le mouvement de la caméra nous invite ici à entrer dans un paysage inconnu de nous, où nous sommes comme forcés d'entrer dans une nouvelle connaissance : en cadrant le tronc et les racines, la ramée et les branches voisines, le sol et l'air qui les entourent, Marc-Antoine Roudil et Sophie Bruneau nous font voir toutes les surfaces d'échanges d'un arbre pas lesquelles il vit et communique, toutes les parties par lesquelles il forme un Tout, tous les pays par lesquels il est un Monde.
Dans cette opération, l'arbre, de motif, devient sujet. Et la supériorité technique de l'homme, par la technique même s'en trouve diminuée. C'est à ce renversement que nous convie le film, vertige où nous entendons soudain la voix millénaire de l'arbre, palétuvier qui vit et meurt simultanément au rythme ou il déploie ses rayons, pinus aristata de la vallée de la Mort qui concentre dans ses anneaux 5000 ans d'histoire. L'arbre est virtuellement immortel comparé au rythme où va l'homme et, tous comme les précédents héros des films de Sophie Bruneau et Marc-Antoine Roudil, le pêcheur des Flandres ou le notaire du Cantal, c'est lui qui finalement enregistre la durée dans la permanence de sa consignation méticuleuse, faisant et défaisant les noeuds de la vie et de la mort, du temps et de l'espace. Il faudrait alors inverser notre formule liminaire et déclarer : "C'est l'homme qui est fixe et l'arbre qui est mouvement" !".
Rares sont les cinéastes qui depuis Rouquier et Resnais, nous proposent d'occuper cette place où nous nous trouvons à notre tour photographiés par le monde, devenant des objets d'un regard sans âge et sans visage. Nous voilà rendus, par la grâce du cinéma, énigmes à nous-mêmes. Qu'on ne s'y trompe pas : la perception toute formelle des films de Sophie Bruneau et Marc-Antoine Roudil n'est là que pour mieux inciter à plus de modestie, et si il y a de la grandeur dans tous leurs sujets, c'est pour mieux nous faire mesurer la petitesse de l'échelle où nous déployons tant d'efforts pour grimper.
C'est aussi en cela qu'Arbres, comme toute oeuvre vraiment classique, est une leçon de sagesse.

Laurent Roth

article paru dans le n° 357 du 25 septembre au 1er octobre 2000 des Inrockuptibles

bois précieux
Un documentaire sur les arbres superbement composé, un film feuillu, « branché Â», aussi beau que mystérieux.
Cette semaine, vous en avez assez des sempiternelles fictions où les héros cherchent l’amour et finissent par le trouver, où les bons triomphent des méchants ? Vous en avez marre des films à effets spéciaux et trucages numériques, ou de ces montages stroboscopiques qui, sous couvert d’action et de rapidité, vous bourrent le crâne d’agitation creuse et vous aveuglent ? Plus généralement vous en avez temporairement votre claque du bruit et de la fureur du monde moderne et vous êtes pris d’un petit accès de misanthropie furieuse ?
Alors cette semaine, Arbres est fait pour vous.
Dans ce film singulier, il n’y a ni histoire ni personnages. Ou plutôt, il y en a, mais pas du genre auquel on est habitués. Les personnages, ce sont les arbres, dans toute leur diversité : les gros, les minces, les petits, les grands, les feuillus, les secs, les chenus, les élancés, les noueux…bref toute une humanité, pardon, toute une végétation dans son altérité et sa diversité. Et si vous croyez tout savoir des arbres, ou pensez qu’ils ont peu d’intérêt parce qu’on en croise tous les jours sans y prêter attention, détrompez-vous : on les redécouvre ici, et on en apprend de belles. Par exemple, quelque part en Afrique, il existe des arbres mouvants, qui se déplacent au gré des modifications géologiques, topographiques et climatologiques ! On est là dans la lisière du fantastique, mais en plein dans le réel.
Arbres n’est pas simplement un intéressant documentaire à usage écologique ou un bel outil pour cours de sciences naturelles. C’est aussi, surtout, un beau film qui nous réapprend ce qu’est une durée juste, un cadrage rigoureux, un plan, un espace construit et pensé, à l’encontre de l’espace chewing-gum et du temps compté du tout venant de la télévision (on la mentionne puisque ce film vient de la télé, où il a été diffusé -sur Arte- au printemps dernier).
Bref c’est un objet filmique qui résiste aux images dominantes. En le regardant on s’est souvenu que tous les grands cinéastes, de Hitchcock à Oliveira, de Rohmer à Kiarostami, ont, à un moment ou un autre de leur carrière, filmé intensément les arbres.

Serge Kaganski

article paru dans Charlie Hebdo du 25 septembre 2002

Auprès de mon arbre

"L'histoire des arbres est liée à l'origine du monde. L'origine des hommes est liée à l'histoire des arbres. Pour les peuples de la forêt, l'arbre est notre ancêtre". C'est la voix off de Michel Bouquet, vous savez cette voix si singulière et comme venue d'ailleurs, qui nous accompagne tout au long du plus inattendu des voyages. "Chaque jour depuis trois millions d'années, l'arbre permet à l'homme de respirer, de manger, parfois aussi de dormir, de jouer et, souvent de rêver…" Le film s'appelle Arbres tout court, sans autre qualificatif. On n'y voit qu'eux, spécimens remarquables filmés autour du monde par deux cinéastes belges, Sophie Bruneau et Marc-Antoine Roudil. Comme jadis on ne voyait que des femmes, les plus belles, dans le film de Cukor, Women. C'est un documentaire, d'une nature proprement unique et n'appartenant à aucune catégorie répertoriée du genre. "Essai poétique à fondement scientifique", ainsi que le définisse ses auteurs, ce qui ne traduit qu'imparfaitement la force et la beauté souveraine de leur entreprise. Défense et illustration de l'arbre, chant des origines ou célébration d'un grand mystère. Chacun des "individus" filmés est traité avec la considération due aux ancêtres et l'amour qu'on leur porte. Mais d'abord comment filmer un arbres ? "Epreuve de vérité qui ramène aux questions essentielles du cinéma" constatent Bruneau et Roudil. "L'arbre est fixe, et le cinéma mouvement." Partant de là, ils trouvent les solutions qui conviennent aux uns et aux autres : plans fixes, travellings, mouvements de caméra verticaux. Ce qu'ils cherchent, ce n'est pas à faire de la belle image. Ils n'ont pas le regard touristique, mais celui du respect et de la compréhension. Ils tiennent à exprimer la vraie nature de leurs "sujets", sans facilités ni tricheries, se tenant à la bonne distance et à la bonne hauteur. Baobabs magiques, séquoias gigantesques de Californie, palétuviers funambules, micocouliers fleuris, acacias toxiques ou pins du fond des âges, ils griffent le ciel ou rampent au sol, ils s'élancent ou se tordent. Immenses ou rabougris, immortels ou évolutifs. A chacun son histoire et sa vérité génétique. On les regarde, on les écoute. Certains "marchent", d'autres "chantent". Il y a les tueurs, les fous, les timides, les bons et les méchants. Bref, la cause (des arbres) est entendue.

Michel Boujut 

article paru dans les Inrockuptibles du 3 avril 2002 / diffusion TV

Des racines et du zen
Il convient de ne pas manquer le documentaire sobrement intitulé Arbres. Inspiré par les propos de Francis Hallé, Sophie Bruneau et Marc-Antoine Roudil ont parcouru 140.000 kilomètres à la rencontre de ces êtres (en apparence) inanimés et pourtant bien vivants, que les peuples de la forêt considéraient comme nos ancêtres. D'un continent à l'autre, ils sont presque tous là : le baobab, que Dieu aurait replanté à l'envers (d'où ses branches en formes de racines), l'extraordinaire séquoia, le palétuvier - qui se déplace de quelques mètres par an -, mais aussi des espèces beaucoup plus familières, parfois montrées dans leur banal environnement urbain. La voix chenue de Michel Bouquet (!) accompagne les images d'un commentaire très inspiré, mêlant rigueur scientifique et humour ("Si vous rentrez en voiture dans une plante et que la voiture est cassée alors c'est un arbre") et jouant avec subtilité sur l'anthropomorphisme. Loin d'un banal docu scolaire au discours écolo convenu, Arbres est une véritable oeuvre de cinéma : ses cadrages superbes, ses mouvements de caméra parcimonieux, son rythme ample et serein, lorgnent vers Kitano ou Kiarostami.

Vincent Arquillère

Signelazer