Un peu d'histoire

Le Bouddha naît vers -566 et meurt vers -483. A sa mort, le bouddhisme est deja bien implanté en Inde centrale, et il continue de se diffuser dans toute l'Inde durant les premiers siècles de l'ère bouddhique. Asoka (273-232 avant JC) est le 1er souverain bouddhiste. Son empire s'étend alors sur tout le sous-continent, jusqu'en Afghanistan, aux confins du monde grec. Les conquêtes d'Alexandre le grand avait en effet laissé place à plusieurs royaumes (satrapies) indo-grecs, dont la Bactriane, dont un des rois, Ménandre, est protagoniste avec le moine Nagasena d'un célèbre ouvrage bouddhiste, "Les question du roi Milinda" (MilindaPanha).

On le voit, les contacts avec le monde grec sont nombreux, suivant probablement la route de la soie. En attestent la statuaire greco-bouddhique du Gandhara, ainsi que les monnaies de l'empire Kushan, arborant l'effigie du Bouddha et l'inscription "Boddo" en grec. Il est aussi probable que l'empereur Asoka ait envoyé des missionnaires jusqu'en Grêce, en Syrie et en Egypte comme en témoignent ses édits gravés dans des colonnes, qui relatent les conversions au Dhamma (La doctrine bouddhique) dans ces pays.

A travers le monde grec, le bouddhisme rencontre également le christianisme : Clément d'Alexandrie (150-215) écrit ainsi dans ses Stromates "Parmis les indiens, il en est qui suivent les préceptes d'un certain Boutta, que sa grande vertu leur fait honorer comme un Dieu". Des moines géorgiens iront même jusqu'à christianiser le Bouddha vers le 4ème siécle, en la personne de Saint Josaphat !

Il n'est alors pas étonnant que des chrétiens de l'époque se soient inspirés de certains éléments du Bouddhisme : Au 4ème siécle apparait en Egypte puis en Grêce une forme de méditation chrétienne, l'hesychasme (litteralement tranquillité, silence), où le croyant répete continuellement la formule "Kyrie Eleison" (Seigneur prend pitié). Cette méditation ressemble très fortement à la méditation de type Samatha du bouddhisme, où le pratiquant se concentre sur un mantra ou une image pour pacifier l'esprit.

On retrouve également une influence autour de l'iconographie qui se développe à la même période : La statutaire greco-bouddhique figurait déja des auréoles autour de la tête des personnages, et les gestuelles des saints des icônes orthodoxes ne sont pas sans rappeler les mudras de l'hindouisme et du bouddhisme.

Les églises d'Asie n'hésitent pas à intégrer la culture bouddhique dans leur foi. Dans les cas les plus extrêmes, cette rencontre entre bouddhisme et christianisme va jusqu'a générer de nouvelles religions syncrétiques, comme le Manicheisme, qui sera vite considéré comme une hérésie par les chrétiens orthodoxes (Saint Augustin a d'abord été manichéiste).

D'autres questions se posent :

Le monachisme et l'hérémitisme chrétien, nés en Egypte et Syrie, ne serait-il pas inspiré du monachisme de la haute sangha bouddhique ? Cette tradition n'existait en effet semble-t-il pas dans le monde juif (sauf quelques sectes comme les esseniens), ni egyptien, ni romain...

La prière les mains jointes n'est-elle pas inspirée des formes de salut hindouistes et bouddhistes ? Juif et musulmans prient en général paumes vers le ciel...