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Dix lunes

22 octobre 2013

Sauvons les commentaires !

 

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Comme le message précédent l'annonçait, le blog a déménagé vers de nouveaux horizons sans publicité.

Je vois encore pas mal de passage ici, alors précisons :
-  tous les billets ont été transférés 
- vous pouvez vous abonner à une newsletter ou au flux RSS pour suivre les publications sur le nouveau site.

Et je m'autorise à demander un coup de main.  Ya pas moyen de déménager les commentaires, faudrait copier-coller chacun d'eux, ce serait un énorme boulot.

Mais on peut mettre en lien sous chaque billet la page de commentaires respectifs, comme ici par exemple.  Il y a 417 billets à mettre en lien, toute seule, ça va être -très !- long, mais si chacun en faisait un...
.

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13 octobre 2013

Ca déménage !!

 

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Le blog se faisait un peu silencieux ces derniers temps. Les batailles à mener sont nombreuses et il m'est difficile d'être présente à la fois sur le "terrain" et ici.

Mais surtout, un grand départ se préparait. La fréquentation du blog étant devenue suffisamment attractive pour les publicitaires, vous déploriez de plus en plus souvent son envahissement ( invisible à mes yeux... les pubs n'apparaissent pas sur mon écran).

Il était temps de changer pour une nouvelle adresse sans publicité et donc (un peu) payante en échange de ma liberté.

Ca valait le coup.

Et oui, maintenant, c'est un nom de domaine qui claque !

Rendez vous sur http://10lunes.com/  

 

PS : seul regret, impossible d'importer les plus de 6000 commentaires enregistrés ici. Je compte sur vous pour enrichir le nouveau site et ses 417  (!) billets rapatriés de vos nombreuses et salutaires réflexions.

 

 

3 octobre 2013

Solitude

 

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Mardi soir, j'ai voulu jeter un œil sur Babyboom. Pas téméraire, j'allume la télé sans m'installer devant; juste un fond sonore accompagnant mes dernières occupations de la journée. Je vaque d'une pièce à l'autre, m'éloigne et perds le fil, me rapproche et entends une femme s'effondrer à l'annonce de la mort de son bébé - c'est bon pour l'audimat ça coco - puis les remarques à haute teneur philosophique -la vie, la mort, tout ça - d'un membre de l'équipe.

Besoin d'une pause. 

Un peu plus tard, je recroise mon écran. Une femme est seule dans une salle qui n'a de nature que le nom - qualificatif initié par la rédaction ? Elle gémit, pleure, se tord. Elle est seule, très seule.
Toute seule ? A un détail près, l'objectif de la caméra qui nous rend complices et voyeurs. Nous sommes des milliers à contempler son immense solitude. 

Besoin d'une pause. 

Je reviens ; son homme est avec elle, visiblement démuni devant sa détresse.

Besoin d'une pause. 

C'est le moment du changement d'équipe. L'une des sages–femmes explique à la relève que cette femme est là depuis le matin (il est 20 heures) qu'elle espère une péridurale depuis trois heures mais que des urgences ont retenu l'anesthésiste. L'anesthésiste oui, mais d'autres semblaient disponibles ? C'est en tout cas ce que laissent penser les indiscrètes caméras. Pourtant, personne n'a été présent aux cotés de cette femme pour la soutenir, la rassurer, l'accompagner… (ou ces images n'ont pas été retenues au montage ? *)

Coup de sonnette ; une sage-femme prenant la garde va voir. Nous voilà à nouveau dans la salle "nature". L'attitude de la mère fait clairement penser qu'elle est en fin de travail. La sage-femme l'examine, confirme l'imminence de la naissance.

Une femme sur le point de mettre son enfant au monde, une sage-femme. On espère un instant que la situation va s'adoucir, que la présence chaleureuse de l'une va apaiser l'autre, lui permettre de vivre une fin d'accouchement plus sereine, quelque chose de doux et d'humain qui viendrait compenser la solitude des heures précédentes.

Pas du tout.

Tout s'enchaîne ;  allongée,  jambes dans les étriers, poussée bloquée. Aucun mot de réconfort.  La compassion de la sage-femme se résume à cette annonce "Vous allez avoir très très très mal mais ce sera bientôt fini".

En moins de vingt minutes, le bébé naît. Les cris qui ont accompagné sa naissance sont bien des cris de douleurs, ceux d'une femme enfermée dans sa solitude, entre une sage-femme induisant plus de souffrance encore par ses paroles négatives, une auxiliaire tentant quelques mots d'accompagnement et s'affairant à rabattre le drap pour préserver sa pudeur** et un homme perdu devant l'épreuve que traverse celle qu'il aime.

Des gestes, de la technique, du savoir faire… mais quel savoir être ?
Une naissance déshumanisée.

Pause définitive.

 

NB: après la naissance, le père essuie ses larmes et s'éloigne un peu, tournant dans la salle pour cacher son émotion. La caméra le suit pas à pas, sans plan de coupe. Les autres cadres sont fixes et l'on pourrait croire que les monteurs visionnent les images plus tard. La caméra suivant le père prouve que quelqu'un est bien là, partageant l'intimité de la naissance en direct, tout en se faisant totalement oublier du fait de son invisibilité.



*pour avoir décortiqué certaines mises en scène de la première saison... je reste prudente.

** pas de souci, la télé veille. Lorsque la jeune femme s'agite au point de dévoiler un coin de fesse, il est pudiquement flouté par la prod.

 

 

1 octobre 2013

S'affirmer

 

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Ils viennent en famille pour la consultation du sixième mois. Leur petite fille de 18 mois les accompagne. Une toute  mignonne brunette avec qui je tente de faire connaissance.

Elle prend peu à peu ses marques, s'autorise à lâcher la main de des parents, accepte de s'intéresser aux jouets que je lui tends.
Son regard est malicieux et… fuyant. Annoncée par ses parents comme  "la dame qui s'occupe du bébé", me voilà désignée responsable de l'irruption prochaine d'un concurrent. Toutes mes tentatives d'approche échouent lamentablement. Elle ne me voit pas, ne m'entend pas. Bref, je n'existe pas.

La consultation se poursuit. Elle est calme, s'amuse avec les jouets, explore la salle.

Vient le temps de l'examen clinique. Poids, tension, palpation, hauteur utérine, bruits du cœur. Le petit se manifeste et ses mouvements sont bien perceptibles. Les parents commentent cette agitation, s'amusent et s'émeuvent de sentir leur enfant répondre à leurs appels, se demandent si leur fille pourrait aussi le percevoir.
La grande sœur est un peu plus loin, occupée avec une poupée. Je l'invite à venir "dire bonjour au bébé".

Tout d'un coup, je ne suis plus transparente et elle n'est plus mutique.
Bien campée sur ses deux jambes, elle me lance un regard de braise et clame sa réponse.
NON !

Voilà qui est clair.

 

Je déstocke ce petit intermède léger. Pas le temps d'écrire en ces temps de mobilisation autour de l'AAD qui s'organise du côté des professionnels comme du côté des parents. 
- une petite vidéo à faire tourner
- et un blog militant

A suivre

 

Illustration

23 septembre 2013

Privée de MG !

 

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Avant, j'avais un médecin traitant.

LE médecin de famille. Celui avec plein de dessins d'enfants, faire-part de naissance, voeux et autres cartes postales punaisés dans son bureau, celui qui a calmé mes angoisses devant des symptômes inconnus et évité la grosse et couteuse batterie d'examens complémentaires, celui qui m'a dispensée de courir aux urgences quand un de mes enfants s'était fait bien mal à l'école, celui qui s'est déplacé un soir jusqu'à mon lit parce que je souffrais au point de ne plus pouvoir en sortir, celui qui a dépisté la myopie de mon cadet en profitant d'un certificat pour le judo, celui qui notait sur sa fiche les caractéristiques d'un grain de beauté pour le surveiller l'année prochaine... 

Sa salle d'attente permettait de se tenir au courant de l'actualité d'il y a deux ans et parfois on attendait longtemps parce qu'il était retardé par une visite en urgence ou qu'un beaucoup plus mal en point passait en priorité. 

Il bossait seul, épaulé par une secrétaire un peu bougon tentant de faire barrage quand le carnet de rendez-vous débordait trop.

Je l'aimais bien. Et puis un jour pfff, envolé le médecin, parti sans prévenir... Burn out s'est-il murmuré dans les chaumières. Il semble qu'il n'avait trouvé personne pour alléger sa tâche.

Difficile de retrouver un médecin traitant, les autres exemplaires alentours étaient eux aussi bien débordés.
C'est finalement celle dont j'avais pris soin quelques années plus tôt, quand elle était à la fois interne et jeune maman, qui a bien voulu m'accueillir. 

J'ai bien failli être privée de MG.

Alors, je soutiens leurs propositions.

 

 

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20 septembre 2013

Alerte suite

 

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Je n'accompagne pas d'accouchement à domicile mais le dossier me tient à cœur.

Peut-être parce que j'ai failli (oui c'est un double sens propulsé par mon inconscient...) le faire et que la crainte du ghetto dans lequel se retrouvent ces sages-femmes fut un des motifs me faisant reculer.

Peut-être parce que la solidarité veut que l'on n'abandonne pas des collègues injustement piégées.

Peut-être parce que j'ai pu mettre un de mes enfants au monde à la maison, grâce une amie sage-femme salariée qui a bien voulu m'accompagner.

Mais surtout parce que défendre l'accouchement à domicile, c'est  aussi défendre le droit des femmes à choisir pour elles-mêmes (et les études démontrent la sécurité de ce choix).

Mais enfin, parce que défendre l'accouchement à domicile c'est défendre le respect de la physiologie.

Quand j'étais étudiante, nous apprenions encore les bassins rachitiques des femmes malnutries. L'échographie balbutiait et une mauvaise praticienne pouvait confondre grossesse à terme et grossesse triple de 6 mois… 

Aujourd'hui, la majorité des grossesses (pas toutes) sont bien suivies, les femmes (pas toutes) peuvent correctement se reposer, ne souffrent plus de carences alimentaires, évitent l'anémie… La grande majorité des pathologies sont dépistées bien avant le terme. Pour tout dire, je n'ai jamais croisé un bassin rachitique ailleurs que dans les livres. Les accouchements devraient être de plus en plus simples ; les statistiques disent pourtant combien notre interventionnisme est grand.

Ce qui se passe en ce moment pour l'AAD est exemplaire de toute la périnatalité. On rabote et on arase tout ce qui dépasse. On nous laisse croire qu'observer ce qui se passe pour une femme et accepter que cela soit différent pour une autre serait  faire de la mauvaise obstétrique. Il n'y aura bientôt plus qu'une seule bonne façon d'accoucher, celle dont toutes les phases seront standardisées et contrôlées.

Nous ne savons plus ce qu'est une naissance physiologique.

Et celles qui savent encore, celles qui pourraient nous montrer le chemin, celles-là sont menacées.

Une sage-femme racontait une naissance à la maison, évoquant une stagnation de la dilatation vers 7 cm. Une autre l’interrompt : Ca ne t’a pas inquiétée ? Tu restes sereine à domicile avec un blocage de la dilatation ?

La première explique posément qu'elle surveille la dynamique utérine, le bien-être fœtal, l’attitude maternelle. Elle décrit les indices qui l’orientent vers une complication, ceux qui la conduiraient à décider rapidement un transfert vers la maternité. Elle détaille ce qui lui permet de confirmer la physiologie de cette phase de latence, lorsque la femme, inondée d'endorphines, voit ses contraction s’espacer et récupère avant l'étape suivante. Elle raconte la pause, puis l’énergie revenue, le mouvement, l’envie de se lever, de marcher… signe que le travail reprend et progresse normalement.
L'autre sage-femme constate avec amertume Mais ça nous, en structure, on ne peut plus le voir !

Et si cette pause disparaît, ce n’est pas dû au lieu, à l’équipe, mais aux protocoles qui sonnent l’alerte dès que la courbe de la dilatation ne suit pas l’ascension attendue et obligent à "pousser le synto" pour stimuler la contraction utérine. 

Chaque jour, nous perdons un peu plus cette capacité à comprendre la physiologie de la naissance ; nous perdons cette observation fine de nombreux signes, postures, respiration, attitudes et réactions maternelles qui permettent de suivre avec précision la bonne évolution de l'accouchement.
Qui permettent surtout de ne pas intervenir inutilement au risque de perturber un processus complexe.

Cette sage-femme évoquait l’haleine particulière d'une femme se mettant en travail ; et l’arrachage du soutien-gorge (si !) comme signe de la descente foetale.

Qui sait cela ?

 

9 septembre 2013

Avis de tempête

 

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Le temps est à l'orage. Au départ, un court texte dans la dernière revue de l'Ordre (en page 6) arrivée dans les boites à lettre des sages-femmes par une chaude journée d'été.

Pratique des accouchements à domicile
Le Ministère des Affaires sociales et de la Santé nous ayant récemment interpelé sur la pratique des accouchements à domicile programmés par des sages-femmes sans couverture assurantielle, il nous a semblé utile d’apporter les trois précisions suivantes :
• Il appartient à notre Ordre d’assurer la meilleure garantie possible aux usagers et aux professionnels et donc de rappeler qu’une couverture assurantielle est indispensable à la pratique des accouchements à domicile lorsqu’ils sont programmés.
• Les sages-femmes libérales sont tenues de souscrire une assurance destinée à les garantir pour leur responsabilité civile professionnelle qui est susceptible d’être engagée en raison des dommages subis par des tiers et résultant d’atteintes à la personne survenant dans le cadre de leurs activités
• Le manquement à cette obligation peut être sanctionné au niveau disciplinaire mais aussi au niveau pénal.

On a tous espéré que ça en resterait là. L'Ordre, bien obligé de jouer sa fonction de garant de la déontologie, s'en acquitte en faisant un bref rappel de la loi. Basta.

Dans les paragraphes suivants, je vous demande de pardonner les nombreuses parenthèses, nécessaires à la compréhension du dossier pour ceux qui n'y sont pas plongés au quotidien.

Car le dossier est complexe ; la grande majorité des sages-femmes pratiquant des accouchements à domicile n'est pas assurée pour cet acte. Les quelques exceptions sont celles qui pratiquent depuis des décennies et qui bénéficient de la reconduction annuelle et tacite d'un contrat vieux comme Hérode.
Pour les autres, plus récemment arrivées sur le marché, la situation s'est sacrément compliquée depuis l'année 2000, date à laquelle la dernière offre d'assurance pour la pratique de l'accouchement à domicile a disparu.
Puis ça s'est re-compliqué en 2002 avec la loi Kouchner venant imposer - très normalement - aux professionnels de santé d'être assurés pour leurs actes. Travailler sans assurance, c'est risquer l'interdiction d'exercice et la bagatelle de 45 000 € d'amende.

Les  associations et syndicats de sages-femmes se sont mobilisés, les associations d'usagers également. De nombreuses démarches ont été entreprises que l'on peut résumer ainsi :

- Auprès des assureurs français. Aucun ne s'est montré intéressé; trop peu de professionnels concernés (donc peu de contrats potentiels) et des indemnisations possiblement onéreuses (évaluées à la très grande louche puisque même si les sages-femmes pratiquant l'AAD collectent leurs données, il leur est opposé que le risque est si faible qu'il est … incalculable !)

- Auprès des assureurs  étrangers ensuite. Mais aucun n'a donné suite (la jurisprudence française et le montant des indemnisations parfois octroyées par les tribunaux les dissuadent de toute proposition).

- Les sages-femmes se sont ensuite tournées vers le  BCT (bureau central de tarification) pour qu'il impose aux assureurs de les couvrir (sur le même principe que les assurances automobiles, si toutes les compagnies refusent de vous prendre en charge, le BCT désigne l'une d'elle qui est obligée de vous assurer). Le BCT est donc intervenu avec succès. Les assureurs ont été dans l'obligation de couvrir les sages-femmes.

Amère victoire !
Ils ont proposé une assurance au tarif des obstétriciens soit 19 000 € (en 2008). Pourtant les obstétriciens ne prennent pas en charge les mêmes situations (un accouchement à domicile suppose que tout se présente au mieux et qu'aucune intervention ne s'annonce nécessaire. Dans le cas contraire, il y aura transfert vers une maternité). Ils n'ont pas les mêmes revenus (l'UNASA annonce un revenu moyen 2012 de 91 297 € pour les obstétriciens et 24 697 € pour les sages-femmes). De plus, l'assurance maladie prend en charge jusqu'à 50% du coût de l'assurance des obstétriciens mais ne prévoit rien de tel pour les sages-femmes… 

Le blocage dure donc depuis des années. Ce n'est pas faute d'alerter politiques (en 2010, un député s'était aventuré à poser une question au gouvernement, la réponse est "savoureuse"... ) et pouvoirs publics. Cette situation est connue de tous et de longue date. La cour des comptes l'avait d'ailleurs souligné en 2011 et je l'avais évoqué ici.

Il est donc particulièrement irritant que chacun fasse mine de découvrir cette impasse et de s'en émouvoir. En ce moment, les sages-femmes libérales reçoivent un courrier de l'Ordre leur posant deux questions :
- pratiquez vous des accouchements à domicile programmés ?
- si oui, êtes vous couvertes par une assurance ?

Qu'est ce qu'elles peuvent bien répondre mes collègues concernées ?
- être honnête et risquer l'interdiction d'exercice et une amende correspondant à deux ans de revenus moyens ?
- être honnête et s'engager à cesser les AAD pour être en règle ?
- mentir et nier ?

A quoi sert de poser une question dont on connaît parfaitement la réponse sinon à demander aux sages-femmes de se désigner coupables ?

Sortons de cette hypocrisie. Le coût de l'assurance ne peut être déconnecté des revenus de ceux qui la payent.
Je n'ai aucune idée de la capacité d'intervention de l'état sur les tarifs des assureurs mais deux autres options sont possibles et indispensables !
- revaloriser subséquemment l'accouchement. Le tarif actuel, 313.60€ pour la prise en charge de l'accouchement ET des visites à domicile de suivi de la mère et enfant pendant 7 jours, est une insulte au travail des sages-femmes. Rappelons aussi que l'assurance maladie qui oppose la convergence tarifaire (même acte = même tarif pour tous les professionnels) à nos demandes de revalorisation vient d'inventer un magique coefficient multiplicateur pour revaloriser le tarif accouchement des obstétriciens (cf ce courrier syndical). 
- participer au financement de l'assurance des sages-femmes comme cela est fait pour les obstétriciens.

Toute autre attitude reviendrait à interdire aux femmes d'être accompagnée d'une sage-femme lors d'un accouchement à domicile…

 

PS militant
En tant que sage-femme solidaire de mes consoeurs, je vais répondre à ce courrier d'un ni oui ni non du plus bel effet (cf http://www.unssf.org/index.php?mact=CGBlog,cntnt01,detail,0&cntnt01articleid=220&cntnt01returnid=16) et j'encourage toutes les sages-femmes à faire de même.
En tant que femme et citoyenne, j'invite chacun à se poser la question du libre choix, du droit des femmes à disposer d'elles-même et du symbole que serait une interdiction déguisée de l'AAD. Un petit courrier à votre député ? (on peut même s'appuyer sur cet avis de la Cour Européenne des Droits de l'Homme)

 

Pub5e Colloque de la Société d'Histoire de la Naissance : 

Naître à la maison, d’hier à aujourd’hui Châteauroux, les 21et 22 septembre 2013

 

 

 

3 septembre 2013

Post partum animal triste

 

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Merci les médias, quand je suis en mal d'inspiration, un petit article et ça repart.

Cette fois-ci, l'article est titré "La vraie histoire du sexe après l'accouchement". Je le lis, bougonne doucement. Il la joue un peu hussard le Dr Harvey ! Le vagin ne sera plus jamais comme avant, ça a l'air de signer la fin d'une époque : bonjour la parentalité, adieu l'orgasme.
Mais si le propos est un peu rude, dénoncer le ronronnement médiatique - qui aime à laisser croire qu'une grossesse est une location de neuf mois restant sans effet dès le départ de l'occupant - est salutaire.

Pour autant est-il normal de penser Plus jamais mon mec ne me touche ? Ce n'est pas ce que j'entends des femmes que je rencontre au quotidien même si rien n'est simple. Fatigue, manque de disponibilité, peur d'avoir mal et/ou de ne pas retrouver le plaisir sont des sujets récurrents dans les semaines suivant la naissance… L'arrivée d'un enfant bouleverse tous les aspects de la vie et il faut se laisser le temps de s'y adapter. Ce n'est sûrement pas assez dit.
Admettons qu'il faille un peu charger la barque pour que le message soit clairement audible.

Mais la barque coule aux paragraphes suivants. 

Mon vagin était devenu un hall de gare. Pourquoi  présenter l'envahissement des examens comme un incontournable ? Les touchers vaginaux sont le plus souvent inutiles lors de la grossesse et ne devraient pas se multiplier pendant un accouchement. Par ailleurs, une femme peut être examinée avec respect, douceur, en ayant attendu son autorisation. Ou l'on peut considérer son corps comme un domaine public, entrer dans une salle de travail sans prononcer un mot, enfiler un doigtier et fourrager brutalement en oubliant qu'il y a un être humain de l'autre côté du plastique. N'est-ce pas plutôt cela qu'il faut dénoncer ?

Pendant l’accouchement, la sage-femme rentre l’avant-bras dans ton vagin pour voir où en est ton col. Que nenni, l'index et le majeur suffisent grandement, pas besoin de l'avant-bras ! Pourquoi véhiculer ce genre d'image sinon pour conforter la "goritude" de la chose ? 

S’ajoutait à cette sensation un accessoire peu glamour mais obligé : pendant un mois après la naissance de son bébé, elle a porté constamment des couches, de très grosses serviettes. Effectivement la couche épaisse manque un tantinet d'élégance. Mais cela ne concerne que les premiers jours, ensuite les pertes diminuent et les protections se font plus discrètes. Alors oui, pas de tampons en postnatal immédiat (le glamour du fil qui dépasse ?) pas de moon cup non plus… Saigner est un aspect de la vie des femmes, tout simplement.

Les médecins recommandent d’attendre au moins quinze jours avant la reprise des rapports. Personnellement, je ne recommande rien sinon d'attendre d'en avoir envie et de prendre du temps ensemble ; pas forcément pour se grimper dessus, juste le temps de la tendresse, parce que le désir émerge rarement entre des pleurs à apaiser et un sac poubelle à descendre...

On nous sert ensuite les inévitables exemples de ceux pour qui ça n'est jamais reparti. L'arrivée d'un enfant ne soude pas un couple, ne le détruit pas non plus. Mais elle aiguise toutes les aspérités. Si ça n'allait pas très bien avant, ça ira rarement mieux après et ce n'est pas l'accouchement en lui-même qui est en cause.

Ce qui m'irrite au final, c'est que cet article écrit en filigrane qu'une nana n'est désirante et désirable que mince, tonique et aménorrhéique ; que tout changement corporel est forcément assassin pour le désir ; que récupérer d'un accouchement, c'est perdre ses kilos, masquer ses vergetures et remonter ses seins. Bien la peine de citer le Beautiful Body Project ! *

Je vous invite à ré(?)-écouter cette chanson de Moustaki magnifiquement interprétée par Reggiani (avec du Baudelaire en prime)

 

*extrait du volume 1 consacré aux mères

 

PS : j'ai volontairement omis plusieurs questions évoquées dans cet article car elles méritent à elles seules un billet. A venir... ?

 

 

25 août 2013

Exemplaire !

 

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Une boite photo a passé contrat avec la maternité voisine pour démarcher les jeunes parents. Même genre de société que celle évoquée dans cet article* - ou sa cousine germaine - avec les mêmes procédés et la même exploitation de jeunes photographes essayant de gagner leur pain quotidien.

Le jeu est donc d'entrer dans la chambre, en blouse blanche pour mieux se fondre dans le défilé de l'équipe de soin. Cela permet d'éviter que l'accouchée ne réagisse immédiatement. Et voilà quelques précieuses secondes gagnées qui permettent au "démarcheur-photographe" de lancer son discours : souvenirs précieux, moments inoubliables, qualité pro, n'engage à rien, photo gratuite…

Ce jour là, la jeune maman n'est pas une novice. Deux ans plus tôt, à la naissance de son ainé, elle avait accepté la séance photo. Elle garde un souvenir amer de l'assaut mené quelques semaines plus tard par une commerciale aguerrie, lors de la remise du tirage gratuit ; ledit tirage étant celui où son bébé louchait avec application...
Sur les autres, les payants, son tout-petit a belle allure. Défilent devant ses yeux album, calendrier, tapis de souris et autres mugs ornés de la bouille de son nouveau-né. Ca fera plaisir aux grands-mères !
Les tarifs sont prohibitifs, elle s'accroche à son refus. La commerciale insiste, réduit peu à peu ses prétentions. Juste quelques photos alors ? Toujours non.
Vient le temps du chantage affectif : Mais si vous ne les achetez pas, on va tout bruler ... Malgré ce que cela lui suggère d'images sinistres, elle résiste encore.
Arrive le dernier argument, le truc qui tue, surtout une jeune mère inondée d'hormones, espérant un monde beau et solidaire pour l'enfant qui vient de naitre. Mais ça fait deux heures que je suis là, si je ne vous vends rien, je vais perdre mon job !
Elle est vaincue.

Bien décidée à ne pas répéter son erreur, elle refuse la séance photo avec d'autant plus d'assurance qu'elle ne trouve pas son petit au mieux de sa beauté pour le moment.  Teint carmin, lanugo descendant bas sur le front et les oreilles, yeux encore bouffis ; il ne lui parait pas le plus beau bébé du monde.

Elle décline donc en justifiant son refus par cet argument. 

Le photographe ne se démonte pas… Mais non, il est parfait votre bébé !  Je vais vous montrer une photo de bébé moche dit-il en extirpant de son sac un tirage couleur qu'il brandit triomphalement sous son nez. Vous voyez, celui-ci est vraiment moche, pas comme le votre ! 

Elle termine son récit dans un éclat de rire, regardant tendrement son tout beau nouveau-né lové dans ses bras… Là, je me suis dit, faut vraiment pas que je le laisse faire une photo parce que sinon, ce sera mon bébé qui servira d'exemple !

 

 

*l'article était en accès libre au départ mais il est maintenant réservé aux abonnés  :(

 

 

17 août 2013

Vacuité

 

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La fin de l'été se profile déjà. Fin de la mise en retrait ; ce presque néant est un bonheur rare. Pas tout à fait vide quand même. Penser à des femmes et familles que je retrouverai avec plaisir, me laisser hanter par des situations m'ayant mise en difficulté, tenter de récupérer le retard de lecture des publications scientifiques et professionnelles et rester bien en deçà de ce que j'avais programmé.

J’ai pris le soleil pas assez, jardiné, pas assez, nagé, lu, cuisiné, regardé, écouté, rêvé, pas assez… 

J'ai passé du temps sur le net, bien trop ; continuer la veille, suivre quelques dossiers, rester à l'écoute de la "sage-femmerie", de quelques projets. 

Certains jours, je me suis irritée de trouver mes consœurs - et d'autres soignants - frileux, aigris, mesquins, repliés sur eux-mêmes. Certains soirs, j’ai croisé des "consommateurs de soin" exigeants, irrespectueux, indifférents aux autres. 

D’autres jours, les sages-femmes - et les autres soignants- se révélaient généreux, motivés, solidaires, prêts à investir temps et énergie pour que la santé reste un bien commun. D'autres soirs, les "soignés" se montraient responsables, critiques, mobilisés, questionnant le système et portant haut de belles idées.

Le blog a eu 4 ans cette semaine. J’écris moins. A quoi bon. Que pourrais-je écrire qui vaille la peine d’être lu. A quoi sert de poser des mots sinon à me réjouir connement devant un compteur des visites.
Et puis, le commentaire ou le mail d'un inconnu font tanguer ma désillusion. De belles rencontres, de beaux échanges qui éclairent une journée.

Est il utile d’écrire sinon pour nourrir son propre ego ? Ou cet ego peut-il être un moteur bienvenu pour partager ce qui nous tient à coeur avec quelques passants du net ?

J’ai encore envie de partager, je crois.
Mais suis de moins en moins dupe.

 

 

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